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Film : The Act of Seeing with One’s Own Eyes (1971)

Qu’on ne se le cache pas, les viscères représentent un des thèmes les plus fréquents du cinéma contemporain. Que leur prédominance soit issue d’une simple curiosité ou d’une fascination morbide, elle est là pour rester. Je ne m’exclus surtout pas, par cynisme, de la chose : j’ai personnellement passé toute mon adolescence à chercher différents films gore, torture-porn ou porn tout court.

Très sommairement, pour la petite histoire : fortement inspiré par les images de la guerre du Vietnam, diffusées aux heures de grande écoute à la télévision, Sam Peckinpah réalise, en 1969, The Wild Bunch, critiqué pour sa représentation très graphique de la violence ; deux ans plus tard, le Clockwork Orange de Stanley Kubrick initie le cinéma à l’ultra-violence (le terme vient directement du livre) et, même s’il est moins gore que le film de Peckinpah, crée aussi un tollé. Si les deux films ont des intentions artistiques claires, ils ouvrent la porte à beaucoup d’autres, qui ne capitaliseront que sur la possibilité d’en montrer, littéralement, de plus en plus.

Je ne vais pas plus loin dans les détails : je veux justement m’arrêter à 1971, l’année de la sortie de Clockwork Orange, qui est aussi, incidemment, celle de la production de The Act of Seeing with One’s Own Eye de Stan Brakhage. Même si le film est loin de toute l’ultra-violence, sur-violence, super-violence ou trop-violence de l’époque, je tiens tout de même à faire un rapprochement entre l’avènement du gore et celui-ci.

C’est que, dans le thème des viscères, The Act of Seeing with One’s Own Eye est l’œuvre la plus complète.

Stan Brakhage est déjà, en 1971, un cinéaste expérimental américain à l’œuvre dense et variée. Grâce à l’aide d’un ami, il obtient le droit de filmer, pendant une journée entière, les autopsies faites à la morgue de Pittsburg. The Act of Seeing[…] est le film qui en résulte.

S’il s’est déjà attaqué à un sujet similaire avec Window Water Baby (qui serait, censément, le premier film d’accouchement), il n’a jamais présenté le corps de façon aussi frontale, terre à terre et, finalement, simple. Ici, par contre – contrairement à ce cinéma des viscères -, tout n’est que pure monstration. Il n’y a aucune violence. Si, de prime abord, Brakhage garde une certaine distance par rapport à son sujet, c’est qu’il affirme avoir la même peur que le spectateur à l’attaquer de front. Il franchit tout de même progressivement les frontières, au point où – n’en demeurant aucune – il montre absolument tout.

Le film ne comporte aucun effet de style : pas de musique, le travail sur les couleurs – tout de même très solide – est celui habituel du réalisateur, et ce dernier se garde bien de forcer une quelconque poésie dans les images. S’il y en a une (particulièrement morbide : le mouvement du personnel médical qui anime des mares de sangs inertes, les visages qui, même décalottés, gardent une part d’identité, l’opposition des couleurs chaudes et  froides, etc.), Brakhage affirme qu’elle est inhérente à l’endroit, et qu’il se borne à en faire part. Une poésie mortuaire quotidienne, simplement.

Ainsi, par le minimalisme de l’artifice cinématographique, le réel intérêt du film n’est pas camouflé. Nous sommes dans la pure curiosité, ou la pure fascination, morbide, et ce de façon totalement subjective. De toute façon, le titre, qui est en fait une traduction directe du terme autopsie, l’affirme clairement. À l’orée d’un cinéma qui en montrera hypocritement de plus en plus en capitalisant sur cette curiosité, The Act of Seeing with One’s Own Eye était déjà la seule œuvre vraie et, parce que sans effet, la seule parfaitement honnête.
Source : http://www.cinematraque.com/2012/10/22/poesie-mortuaire-quotidienne-the-act-of-seeing-with-ones-own-eye/


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